Intervention de Jean-Louis CHAUZY
Président du Conseil Économique Social et Environnemental Régional

Jean-Louis CHAUZY

 

Lors de l'Assemblée Plénière
Toulouse, le mardi 26 mars 2013

 

Monsieur le Président du Conseil Régional,
Mesdames, Messieurs les Conseillers, Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,

 

Monsieur le Représentant de Monsieur le Préfet de Région Monsieur BERTHON,
J’ai excusé le Président MALVY et Jean-Louis GUILHAUMON, une fois n’est pas coutume nous avons reçu hier les remarques de l'exécutif, du Président de Région, aux deux projets d'avis qui seront examinés, débattus et votés ce matin.
Nous avons par courrier ce que le Président et Jean-Louis GUILHAUMON nous auraient dit s’ils avaient pu être parmi nous, donc en quittant la séance vous aurez les remarques faites par le Président à nos deux projets d'avis et une fois les avis votés, nous répondrons aux remarques qui ont été formulées par l'Assemblée régionale.

Vous savez dans quel contexte intervient cette session ; depuis le 28 février nous connaissons la version 8 du projet de loi sur la réforme des collectivités, près de 200 pages. Redéfinir la décentralisation, qui fait quoi, les relations avec l’État, les champs de compétence, la répartition des pouvoirs… C’est un débat qui est passionnant pour les collectivités entre elles qui s’écharpent, entre les collectivités et l'État, mais où sont les acteurs économiques, sociaux, associatifs ? Ils ne sont pas dans les préoccupations et, à ce jour, l’association des CESER de France n’a pu faire prendre en compte aucune de nos cinq propositions pour l'élargissement de la démocratie économique et sociale.
Nous avons fait cinq propositions votées à l’unanimité le 21 juin par les CESER de France, nous espérons que le travail de lobbying que nous ferons auprès des groupes parlementaires au Sénat puis à l’Assemblée nationale avec le soutien, je l’espère, de l'ARF permettra de rétablir la situation. Pour nous, la réforme des collectivités oui ! Mais la République aussi tous les matins pour préserver l’équité entre les citoyens et les territoires !

La période c’est aussi les nouveaux programmes européens, on va le voir dans quelques instants, une nouvelle étape de concertation pour les futurs programmes opérationnels, la préparation d’un contrat de partenariat entre l’Europe, les États et les différents niveaux de collectivités. J’ai participé au lancement de cette deuxième vague de concertation à Paris la semaine dernière organisée par la DATAR pour inclure la dimension territoriale. Nous devrions connaître dans quelques jours, au plus tard dans quelques semaines, l’arbitrage que fera le Premier ministre sur la nouvelle architecture de ce qu'on appellera les contrats de plan, les contrats de projets État-Région-Collectivités, qui seront largement impactés dans l’architecture par la réforme des collectivités et la réforme des compétences entre différents niveaux de collectivités.

Nous avions le choix entre attendre une concertation que je qualifie à minuit moins douze, pourquoi douze ? C'est le délai obligatoire de la Région pour nous communiquer les avis et vous savez qu’à minuit moins douze on change les virgules, rien sur le fond ! Nous avions donc le choix entre attendre et anticiper, nous avons choisi d'anticiper. D’où l'organisation de ce qu’on appelle les rencontres territoriales, 11 réunions en moins de quatre mois, plus deux conférences (vous voyez la charge) qui ont commencé et qui ont bien commencé autant par la participation que par le contenu.
Dans le sud du Tarn, à Mazamet le 22 février, à Figeac le 18 mars, à Auch le 29 mars, à Cahors le 12 avril, à Albi le 19 avril et en suivant pour couvrir l’ensemble des territoires et apporter nos contributions à temps. Ces réunions étaient attendues, elles conjuguent une approche régionale qui est notre connaissance, avec l'expression des acteurs économiques, sociaux et associatifs du terrain sur les préoccupations partagées. Nous couvrons un champ plus vaste que celui des programmes européens et des futurs contrats de plan État-Région parce que nous devons avoir, nous aussi, une vision et un diagnostic partagés sur l'état de la région et dire des choses sur les politiques publiques : l’accès aux soins, l’offre de soins de qualité pour tous et dans tous les territoires, ce n’est pas dans les programmes européens ni dans le contrat de plan État-Région, mais il y a les politiques publiques de l’État annoncées par Marisol TOURAINE, il y a le bilan de la loi « Hôpital Patients Santé et Territoires », on a des choses à dire, nous avons quatre rapports sur le sujet.
Sur la cohésion, la précarité, l’insertion des jeunes dans un emploi, on y travaille. On aura des choses à dire, on aborde ces questions ainsi que l’enjeu des infrastructures parce que les territoires ne sont pas tous en situation d’égalité.

On ne fait pas les États généraux et la Révolution française, mais on ne se limite pas aux programmes européens et au contrat de plan État-Région parce que nos préoccupations portent aussi sur la cohésion, sur les critères d’attractivité. Dans un territoire où vous n’avez pas d'offre de soins de qualité, vous pourrez toujours faire des efforts sur l’attractivité ; s’il n’y a plus de services publics, s’il n’y a aucun mode de transport collectif, vous pouvez parler d’attractivité, mais on n’a que la désespérance.
On aborde ces questions-là aussi à partir de nos rapports pour formuler des préconisations qui seront dans la synthèse générale prévue pour le mois d'octobre.

 

Ce matin nous examinerons deux autosaisines qui viennent à temps, une sur notre vision des politiques territoriales conduites par la Région en partenariat avec l'État, puisque nous sommes une des régions où il y avait un contrat entre l’État en région, la Région et les 8 Conseils généraux sur les politiques à travers les pays, les agglomérations, les Parcs Naturels Régionaux. Il convient d’en faire le bilan à défaut d'avoir pu et d’avoir eu le temps de faire une vraie évaluation pour dire à quoi cela a servi à partir d'indicateurs. Il ne s'agit pas de faire une approche quantitative. On peut arroser les territoires, s’il n'y a aucun projet, cela peut ne servir à rien. Cela a du sens de le faire pour faire évoluer les choses dans la mesure où il y aura sûrement pour la Région et pour l’État une politique de contrat entre l'État, la Région, les territoires, les pays, les agglos.
On doit intégrer les réalités ; depuis trois ans il y a ce qu’on appelle le dialogue métropolitain, c’est la réponse à un appel à projet de la DATAR que le nouveau maire de Toulouse a pris à bras-le-corps pour engager un dialogue avec les villes moyennes de la région qui sont à une heure de Toulouse. Il invite aussi Carcassonne, ce n’est pas la région Midi-Pyrénées. Il faut aussi l’intégrer. C’est un débat de niveau régional, mais comme depuis dix ans, l’instance prévue à cet effet, la conférence régionale d’aménagement du territoire, n’est plus jamais réunie, la nature ayant horreur du vide, le maire de Toulouse discute avec les villes. On doit l’intégrer, on y participe parce que l’armature même de Midi-Pyrénées nécessite de savoir travailler ensemble.

Il faut intégrer tout cela, la commission y a travaillé sur les propositions que Patrick KIRCHNER nous présentera dans quelques instants.
Le rapport vient à temps pour pouvoir défendre nos idées dans le cadre de la concertation et des prochains programmes européens.

 

On a bien fait de se préparer aux programmes européens, on a voté à l’unanimité déjà une contribution préparée par la commission 6 au bureau du 1er octobre qui s’est réuni à Revel, qu’on a communiquée et dont j’ai fait la pédagogie quinze jours après quand il y a eu le lancement de la concertation à Labège sur les nouveaux programmes européens. Quelques remarques qui sont dans notre contribution sont reprises aujourd'hui sur le fait que si nous sommes, parce que nous en avions besoin, une des régions de France qui a le plus bénéficié des fonds européens à cause de l'étendue du territoire et des inégalités territoriales, le bilan est que depuis la suppression des zonages en 2001 les inégalités entre les régions se sont atténuées, mais à l’intérieur des régions elles se sont aggravées. Le fait qu’il n'y ait plus de zonages met sur un même pied tous les territoires de la région, même si ce n’est pas tout à fait pareil. Il vaut mieux pour l’économie être à Labège que dans le sud du Tarn, dans le bassin de Decazeville ou dans le pays d’Olmes. La fin du zonage c’est aussi un peu la fin de la solidarité parce qu’on aide tout le monde au même niveau.
Un projet à Toulouse c’est 100 M€, et 30 % de 100 M€, ce n’est pas pareil que 30 % d'un projet en Ariège. Ce n’est pas la faute de Toulouse, mais nous plaidons –et c’est repris dans le rapport- pour que sur les villes métropoles, l'Europe garde les financements pour aider les villes qui ont aussi leurs problèmes de cohésion territoriale et d’exclusion, on le sait ici, que ce soit sur un programme dédié, ciblé qui s’appelle le programme URBAN.
La fin du zonage c'est aussi l'aggravation des inégalités territoriales et le fait que dans l'appréciation du PIB, ce qui est une considération de l’Europe pour aider les régions, nous disparaissions des régions de rang intermédiaire parce que le poids et la richesse de la métropole toulousaine nous font remonter, et nous exclut de certains financements.
Il ne s’agit pas d’avoir une diatribe contre Toulouse, ce qui n'aurait pas de sens pour nous tous. Tout cela joue contre nous, le rapport l’expliquera.

Il reprend aussi beaucoup de choses utiles sur lesquelles le bureau s'était prononcé favorablement, notamment l’élargissement du partenariat aux différents acteurs économiques, syndicaux et associatifs qui ne sont pas dans le comité de programmation ni au comité de suivi. L’enrichissement du partenariat ne porte pas atteinte au pouvoir des décideurs, des financeurs, mais élargit la démocratie, il ne tue pas la démocratie, mais la renforce. Même si nous sommes le seul Conseil Économique Social et Environnemental Régional à siéger au comité de programmation depuis 2001, nous le devons à l’ancien Préfet de Région, Bernard BOUCAULT, qui avait souhaité que nous soyons représentés au comité de programmation. Nous sommes les seuls.
Il vaut mieux généraliser les bonnes pratiques et les élargir pour que l’ensemble des points de vue d’intérêts économiques, syndicaux et associatifs puissent être présents et faire part de leurs préconisations sur différents sujets qui, à l’arrivée, concernent tous les citoyens.

Je dis un mot sur les conditions d’élaboration du budget de l’Europe, une catastrophe et une honte. C’est la première fois en trente ans d’histoire que le budget européen est à la baisse, c’est dû au fait que le budget de l’Europe est bâti sur des contributions du budget des États et que le Parlement de l'Europe n'a pas un budget dédié avec un impôt dédié et fléché, donc on a une addition d'égoïsmes, de « gribouilles » passez-moi l’expression ; un budget à la baisse qui ne correspond pas à la situation économique et sociale de l'Europe, qui additionne les renoncements à défendre et réaliser son potentiel et additionne le chômage et la précarité. Comment voulez-vous que les citoyens s’y retrouvent ?
Un budget de l'Europe à la baisse, ce sont forcément des financements à la baisse, qui ne donneront pas les moyens de développer l'Europe de la connaissance, de l'innovation, de la recherche et de l’industrie, parce qu’il n’y a toujours pas d'Europe de l'industrie.
On est face à ces contradictions-là et c’est aussi pour cela que notre avis, que présentera Guy BERNAT tout à l’heure, rappelle ces questions-là.

Encore une fois ces rapports arrivent à temps, parfois on se demande à quoi ça sert, parfois on nous dit « c'est bien, mais vous arrivez trop tard », là on s'est donné les moyens d'arriver à l'heure et de défendre nos idées qui seront enrichies par toutes les réunions décentralisées.

J’ai conscience que pour vous c’est aussi beaucoup de travail, sachez que ça l’est aussi pour nous, mais l’intérêt est de faire émerger la voix des territoires, la voix des acteurs économiques, sociaux et associatifs, dans un contexte difficile où l'argent public est rare, qu'il serve à l’essentiel ! Et qui nous amènera aussi – je le dis pour la délégation qui siègera au comité de programmation- à dire des choses fortes, que cela plaise ou pas.
Trop souvent dans la génération des programmes européens 2001-2007, nous avons laissé filer, –pas nous, parce que justement je me suis insurgé, des arbitrages entre développer l’économie et la connaissance, les PME-PMI, et financer ce que j’appelle en privé, mais c’est public aujourd’hui, les pataugeoires, les super piscines « Aqua machin», l’argent de l’Europe n'a pas été fait pour cela. Mais parfois localement il faut faire toujours plus grand, toujours plus beau et toujours plus cher. L'argent de l'Europe n’a pas été fait pour cela.
Dans cette salle en juillet 2006, l’ancien Directeur général de la politique régionale en Europe, Jean-Charles LEYGUES, disait aux élus qui étaient tétanisés « méfiez-vous, vous Français, à trop détourner l'argent de l'Europe, vous serez en grande difficulté quand il y aura l’évaluation et les arbitrages ». Il a fait une liste exhaustive sur les deux régions Aquitaine et Midi-Pyrénées des équipements surdimensionnés qui avaient été financés avec les fonds de l’Europe créés pour développer l’Europe de la connaissance, de l’information, de l’innovation et de la recherche, et de l’industrie, fonds utilisés « au bénéfice » d’équipements surdimensionnés. Je parle avec aise parce que je me suis insurgé contre ce qui était financé dans mon propre département, tous bords confondus.
On doit avoir la rigueur de dire les choses pour que l'argent public serve à ce pourquoi il est destiné : la formation des hommes, la connaissance, l'innovation, la recherche, l’industrie. Si on ne peut pas avoir une super piscine 10 étoiles tous les 10 kilomètres, on l’aura tous les 20 kilomètres ; il ne faut pas vivre au-dessus de ses moyens, ce que nous avons fait trop souvent.

Excusez cette parenthèse, cela fait partie des choses de la vie qui risquent de se reproduire si on n’y prend pas garde, c’est aussi la responsabilité de notre délégation au comité de programmation et de suivi des programmes européens.

Je remercie les deux commissions, les deux rapporteurs par anticipation de nous présenter les propositions. Nous souhaitons aussi que les instances qui ont été créées en région ou celles qui le seront demain avec le projet de loi qui prévoit la création d’une conférence territoriale de l’action publique intègrent le CESER à la liste des collectivités qui en seront membres ; ce serait conforme au discours du Président de la République le 12 juin 2012, prononcé au CESE, il souhaitait alors renforcer le rôle des CESER en région. Par anticipation, la métropole de Toulouse a fait confiance à la représentation socio-économique en nous saisissant, ce qui a donné lieu à un rapport de haut niveau pour lequel nous avons eu énormément de retours positifs et encourageants. On peut aussi être davantage associés en amont, il y a des instances qui fonctionnent prévues par la loi depuis 2004, la Conférence des Exécutifs pour le financement de l’action publique, nous regrettons de n’y être jamais invité, contrairement à nos collègues en Aquitaine et en Rhône-Alpes qui sont associés et peuvent s’exprimer. Le problème n’est pas d’inventer des usines à gaz, mais de nous prendre en compte, de nous consulter pour ce que nous sommes dans le cadre législatif qui pose nos compétences.

 

Quelques éléments de satisfaction dans un océan de difficultés, nous avons gagné le travail de lobbying, je l’avais dit à la dernière assemblée, pour recréer une filière française de la machine-outil, puisque c’est l’industriel Frédéric SANCHEZ propriétaire du groupe FIVES, deux siècles d’histoire industrielle, qui a raflé la mise et récupéré cinq sites au groupe allemand à capitaux américains MAG CINCINNATI. C’est officiel depuis quinze jours, le PDG m’a remercié du lobbying que j’avais pu organiser avec les donneurs d’ordre qui se sont engagés dont Airbus et Dassault à passer des commandes. Le groupe FIVES passe de 6 100 à 7 000 salariés et devient une entreprise respectable qui redonne des perspectives à la filière française de la machine–outil parce que si on s’était laissé piller ces bijoux, notamment par le groupe chinois, il ne nous restait que les yeux pour pleurer.

La Direction de SANOFI a été condamnée en Cour d'appel à respecter la procédure d’information au CE et au CCE. La mission confiée par Arnaud MONTEBOURG à Jean-Pierre SAINTOUIL Directeur de la SATT (Société d’Accélération du Transfert de Technologie), ex-directeur du pôle Cancer Bio Santé, se poursuit. Le challenge, quelle que soit la procédure, est de garder 400 emplois de chercheurs à Toulouse, c’est ce que j’ai dit à Jean-Pierre SAINTOUIL que j’ai reçu et aux syndicats de salariés que j’ai reçus ensuite pour faire le point avec eux.

La semaine dernière se tenait en Aquitaine la première Assemblée générale du pôle Agrimip Innovation Agro Sud-ouest qui est pour nous une immense satisfaction parce que nous l’avons porté sur les fonts baptismaux quand personne n’y croyait. Peu importe s’il y avait peu de croyants, ce sont les réalités qui importent le plus et ce pôle, labellisé le 5 juillet 2007, est devenu en six ans le premier pôle agro de France par le nombre de projets labellisés et parmi les six meilleurs pôles aux côtés d’Aerospace Valley sur l’efficacité, le respect des trois conditions, l'innovation qui génère des emplois, la croissance et aussi la formation des hommes par la GPEC.
Ce sont les entreprises des régions voisines qui ont frappé à la porte pour demander l'élargissement, ce n’est pas venu par la politique, mais par les acteurs du terrain, c'est une très grande satisfaction.
L’agri et l’agro comptent 100 000 emplois et nous avons des marges de progression considérables au moment où l’on dit que c’est une aberration quand on voit l’affaire de « Castelnaudary », des circuits invraisemblables pour manger du cheval.
Nous avons des marges de progression pour recréer de l’emploi et des activités économiques dans nos régions. Je reprends toujours les chiffres : sommes-nous condamnés à importer 80 % de la viande bovine que nous consommons ? 45 % de la viande poulet et de la viande de porc que nous consommons ? On a des marges de progression pour renforcer les productions de proximité aux côtés du bio, des labels dont on a besoin aussi pour diversifier.
On aura un schéma régional sur ses questions-là. Le ministre de l’Agroalimentaire, qui est venu à Toulouse il y a moins d’un mois, a confirmé qu’il y aurait un contrat d’objectif pour l’agroalimentaire et pour relocaliser des productions. Nous avons des marges de production considérables pour développer des filières territorialisées, conforter des outils, arrêter la longue liste des fermetures d’abattoirs, s’il n’y a plus d'outils de transformation on fera des centaines de kilomètres avec des impacts en terme de coût (financier et économique).
Ce sont autant d'enjeux, autant de challenges pour nous et cela rejoint aussi ce que nous avons dit dans nos rapports sur l’agri et l’agroalimentaire, le ministre Guillaume GAROT m’a dit qu’il avait lu nos travaux, qu’il nous en remerciait et qu’on aurait l’occasion de les faire vivre à l’occasion des nouvelles politiques territoriales.

J'attire votre attention sur deux secteurs qui sont en grande difficulté, le bâtiment et les travaux publics. Serge CRABIÉ ou Alain CARRÉ et d’autres pourront nous dire si le plan annoncé par le Chef de l’État permettra de relancer le bâtiment, mais le bâtiment souffre dans tout le territoire régional. Les carnets de commandes s’amenuisent, les délais s’amenuisent aussi donc la visibilité. Ce sont des milliers d’emplois non délocalisables.
Le secteur des travaux publics est aussi en grande difficulté, nous réclamons un plan d’urgence pour les TP en région avec la conférence régionale des collectivités et la fédération des TP. C’est une fédération comme d'autres qui fait beaucoup d’efforts depuis 2007 pour former ses collaborateurs, en attirer d’autres pour l’attractivité des métiers comme le fait la métallurgie dans son domaine. Quand la crise est tombée, 2008, 2009, 2010, 2011, ils ont fait beaucoup d’efforts pour maintenir les salariés dans l’entreprise, les carnets de commandes étaient à – 40%, on ne peut pas tenir indéfiniment. Sur 10 000 collaborateurs, 3 000 ont quitté les entreprises. 98 d’entre elles ont été mises en procédures collectives.
La concurrence étrangère pratique le dumping social et économique, avec des prix à – 30 %, personne ne peut résister, la profession est aux abois, les salariés et les collaborateurs aussi. Bien sûr pour les collectivités il y a le problème du financement, mais aujourd'hui il reste nécessaire d’entretenir les réseaux, les réseaux d’eau potable par exemple qui ont 30 à 40 % de fuites, cela a un coût énorme, et aussi le patrimoine routier, ferroviaire. Nous réclamons une réunion de concertation au niveau régional sous l'autorité du Préfet avec toutes les grandes collectivités qui sont dans la conférence des Exécutifs avec la fédération.

Airbus reste pour Toulouse et la région notre oxygène, il faut toujours saluer la compétence des dirigeants qui ont su résister à toutes les critiques que j’ai appelées hier « l’envol des bêtises », quand on nous demandait à nous de réfléchir à l’après Airbus. On aurait eu bonne mine en 2013 de réfléchir à l’après Airbus qui a huit ans de visibilité en termes de commandes.
Les commandes énormes enregistrées avec les pays émergents et les compagnies low cost ajoutent du travail à d'autres charges de travail, sécurisent les embauches, permettent d'en prévoir d'autres, ce qui pose la question pour les acteurs de la filière de la capacité de la sous-traitance à assumer la charge et aussi le problème du recrutement, ce qui est une préoccupation partagée

 

En vous accueillant, je saluais les changements au CESER sans les avoir sollicités, cher Jean-Louis COLOMBIES. Nous accueillons donc aujourd’hui Bertrand MARSOL qui représente le CRAJEP au CESER. Il est Gersois, ce n’est pas interdit. Tu te lèves pour qu'on puisse te saluer. Tu intégreras les commissions dans lesquelles était Jean-Louis et tout à l'heure le bureau. Je te souhaite la bienvenue.

J’aurais dû accueillir aussi Jean-Louis MIROUZE qui représente la délégation de la Chambre régionale des Métiers, la partie alimentaire, qui est Ariégeois et qui remplace Jean-Louis SEPET. Il a eu hier soir un décès dans sa famille, il a téléphoné très tôt ce matin pour s'en excuser. Lui aussi rejoindra les commissions dans lesquelles siégeait Jean-Louis SEPET.

Je tiens à remercier Jean-Louis COLOMBIES pour son investissement dans les commissions, au bureau, en plénière, le très bon travail dont il a été rapporteur sur la jeunesse, qui date un peu mais qui reste toujours d’actualité et pour des convictions largement partagées, l’école de la deuxième chance aussi où avec Malika tu assurais la représentation du CESER. Je te remercie pour tout ton investissement et les sensibilités que tu apportais, le message que tu nous as toujours fait passer et que ton successeur aura à cœur de poursuivre. Merci pour tout.

Je voudrais aussi dire un mot, c’est plus triste d’une de nos collègues qui est décédée brutalement le 13 février dernier, j’en ai été informé par un Conseiller, Christian GASTON secrétaire départemental FO de l’Ariège. Il s’agit du décès de Monique CAZEDEVALS.
Nombre d’entre vous l’ont connue, elle a siégé 9 ans au CESER. Par ses fonctions à la Caisse d’Allocations Familiales de l’Ariège, ses fonctions en région, au plan national, elle était militante du social, elle s’est toujours beaucoup investie au cours des 9 ans pendant lesquels elle a participé à notre assemblée. C’était une femme de très grande conviction, d’un engagement inlassable, d’une grande écoute et aussi d'une grande humanité.
Je savais le combat qu'elle menait depuis longtemps contre la maladie qui tentait de la rattraper, qu'elle a fait reculer, mais elle n'y est plus arrivée.
Je vous demande d’avoir une pensée pour elle, nous observerons une minute de silence à la fin de mon propos.

Je voudrais enchaîner sur l’actualité pas drôle non plus avec ses faits divers, mais pas que des faits divers. Au sujet d’AZF, il faut savoir protéger les lieux de mémoire qui sont aussi des lieux d'avenir. Je me joins à la protestation de notre ami et collègue Jacques MIGNARD, Président de l’Association Mémoire et Solidarité, ainsi que celle de Pierre COHEN dénonçant le vandalisme qui a saboté la stèle qui rend hommage sur le site aux salariés morts lors de la catastrophe du 21 septembre 2001. Le mémorial, inauguré il y a un an, fait par la ville a aussi était souillé à défaut d'avoir eu le temps d’être détruit.
Il faut respecter les lieux de mémoire, y compris ceux-là. Il est souhaitable que l’autorité, en l’occurrence Monsieur le Préfet de Région, Préfet de la Haute-Garonne, fasse respecter ces sites, les sécurise et que les auteurs soient aussi démasqués.

Mais ce site est aussi un lieu d'avenir : l'Oncopole. Au moment où la mission diligentée par le Président de la République pour définir les missions de l'Oncopole après avoir réglé le cadre juridique, l’institut universitaire du cancer, ce site doit être sécurisé au sens propre et au sens figuré, sécurisé aussi du point de vue de l'accès et de la sortie parce beaucoup de femmes qui travaillent dans ce secteur-là renoncent à prendre les transports collectifs le soir parce qu’elles sont menacées ou agressées. Ce site, comme les autres, mérite d’être sécurisé.

Enfin, pour terminer le drame de Toulouse de mars 2012 et de la République. Des cérémonies ont eu lieu à Toulouse et Montauban pour les tueries des 11, 17 et 19 mars 2012. Ce drame, ce malheur, longtemps considéré comme un fait divers parmi d'autres avait répandu un sentiment légitime d'horreur, d’indignation et de compassion, mais le danger était grand de tourner la page parce que ce n’était pas qu'un fait divers. Dans notre pays chaque fois qu’il y a des actes de racisme et d’antisémitisme, il y a une rémission des agressions et des actes. Cette fois ci, en un an, il y a eu une multiplication par deux. Je vous rappelle le très beau discours qui honore la République fait par le Chef de l'État à Toulouse le 17 mars 2013 qui nous renvoie à nous-mêmes dans notre pays comme dans d’autres pays d'Europe. Le racisme et l’antisémitisme remontent à loin dans l’histoire, mais restent un sujet d’actualité et de préoccupation. Qu'aurions-nous dit si en Allemagne, en Hongrie, en Tchéquie ou en Pologne, il y avait eu des hommes et des femmes assassinés à cause du port de l’uniforme, ou de leurs croyances? Qu'aurions-nous dit, nous Français ? Mais c’est chez nous, à nos portes.
Avec quelques autres membres du CESER, j’ai assuré la représentation de notre assemblée aux cérémonies officielles. Je suis allé aussi à la cérémonie à la synagogue le 19 mars où hommage a été rendu aux victimes du 19 mars à l'école juive Ozar Hatorah en présence de Manuel VALLS qui a fait aussi un très beau discours qui honore l'État et la République.
Nous devons être tous solidaires et vigilants sur ces questions-là, c’est par notre capacité à savoir défendre la diversité d’opinion, le vivre ensemble en faisant toujours référence à la République et à ses valeurs qui constituent notre maison commune que nous ferons reculer la haine et la xénophobie. Ce n’est pas que l'affaire des autres, ce n’est pas que l’affaire du Chef de l'État, c’est aussi l’affaire de chacun et chacune d'entre nous dans l’exercice de nos responsabilités.
Je vous remercie pour votre écoute, je vous invite à vous lever pour observer une minute de silence à la mémoire de notre collègue et amie Monique CAZEDEVALS.

(L'Assemblée observe une minute de silence)

Je vous remercie.

 

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